Quand les fils se touchent

dimanche, avril 09, 2006

Cul-Sec

La scène m’a parue interminable et ma bière terminée, j’ai cru bon m’en mêler. Mes consommations ayant fait leur petit bout de chemin dans mon fluide corporel, il f-a-l-l-a-i-t que j’aille voir. Comme si une odeur nauséabonde flirtait avec mes narines, faisant rejaillir en moi le désir de tremper mon nez dans la merde dégageant ce parfum...

À la taverne du patelin d’antan...
Douze pieds se cognent sporadiquement sous la table. Amis lointains dont le désir de fréquentation de ma part vis-à-vis eux est peu élevé, mais avec qui un pichet de vendredi se partage toujours bien (au 3-4 ans.. rires). Une fois assis, verres emplis au lèvres, la conversation se divise et se multiplie et je m’amuse à récapituler ses amitiés devenues incompréhensibles. Non pas que je n’aime plus ces gens, seulement, les relations bâtient avec ces derniers remontent à loin, du temps où tu ne sais qui tu es, ce que tu veux et blablabla. C’est donc une activité fort plaisante aujourd’hui que de rire de ces moments passés avec des gens presqu’inconnus maintenant.

Ma divagation introspective m’a bien divertit. Constat amusant que de penser qu’à notre table, par personnes interposées, tous avons eu des rapports sexuels ensemble. C’est sûrement ce qui faisait, qu’au secondaire, des inhibition entre nous, il n’y en avait peu et que celles qui restaient, étaient, plus souvent qu’autrement, hypocrites.

La soirée s’est déroulée dans une espèce de bulle intemporelle propre au rencontres post-secondaire. Rires, souvenirs, rires. Une formule éprouvée, mais efficace quoi. Tardivement cependant, le plaisir à cédé sa place: les confidences insipides sont arrivées et c’est bibi qui a été la victime, comme si j’avais un tatoo “open-sponge-confidences” sur le front. Annie, une amie d’une de mes anciennes blondes, s’est sentie en confiance et s’est littéralement abandonnée verbalement dans mes oreilles qui ne voulaient que le silence. Elle s’est donc mise à se raconter en prenant soin de ne manquer aucun détail quant à sa vie amoureuse qu’elle partage avec Patrick, le gars assis devant moi, que je connais au même titre que tous ceux les autres assis ici. Suite aux conneries que génère Annie, je m’efforce de ne pas broncher devant Pat lorsque, par exemple, elle me chuchote qu’elle a l’orgasme latent.. Malaise.

Une heure durant, je me tape son effusion tordue. Je tente d’ajouter à ses confidences, caractérisées par une perversité croissante, des petits “ahh” , des “non??!” et même un “je ne te crois pas” qui ne suffisent vite plus, me forçant donc à sortir quelques lignes du psycho-pop-à-maman. Visiblement satisfaite, elle s’emballe et en rajoute, en proie à une violente crise verbale. Dieu merci la soirée achève et l’heure indiquée sur l’horloge me permet dès lors de quitter sans justification autre que le temps. Tous on visiblement la même idée, puisque le plancher tremble sous mes pieds aux vibrations des chaises qui s’éloignent des tables.

Mon foulard au cou, je salue ceux qui restent (on est rendu à peu près une dizaine, employés compris) et j’entend un bruit sourd de... chicane.

Juste devant l’entrée, Annie et Pat s’engueulent minablement ne laissant par le fait personne sortir. La situation est pathétique, leur camion étant à cent pieds derrière la porte. Ne voulant assister à ça, je retourne au bar et débute une conversation avec le peu de gens qu’il reste. Dix minutes passent et la prise d’otage n’a toujours pas connue de dénouement heureux. C’est alors que (alcool aidant) je décide de revêtir mon chandail d’arbitre et d’aller régler ça, ou du moins les foutre dehors! Sur le champ de bataille je trouve une Annie en larmes et un Pat la tête dans les mains qui fait des signes de “non”. Visiblement gênée (et avec raison) elle sort pendant que lui prend de grandes respirations qui me font penser que s’il avait une arme il ferait un massacre, même si je me doute fortement (d’après ce que je connais de lui) qu’il n’est absolument pas violent.

Il m’explique qu’il n’est pas con, qu’il a bien vu qu’Annie s’en est donnée à cœur joie à relater ses troubles matrimoniaux et qu’il n’a pas apprécié (et j’en doute pas deux secondes, vu la couleur pourpre de ses joues). Maladroit, je lui explique que j’ai assisté impuissant à ce fleuve d’âneries fades et que rien de tout cela ne sera en mémoire demain au réveil. J’ajoute (bravo) que je n’accepterais jamais une telle attitude de la part d’une copine. Lui, renchérit que les rires ponctuels que j’ai ajouté n’ont pas fait sa joie non plus (s’il savait...).

Bon, nul besoin ici de dire que je n’étais pas au sommet de l’aise et que mon cœur, paradoxalement à mon calme extérieur, s’amusait à danser le twist dans ma poitrine. Ce dernier s’est même permis un break dance bien senti quand Patrick, 6pi/200lbs s’est tu pour se redresser afin de mettre un pied devant l’autre dans ma direction. Ne reculant cependant devant rien, j’ai ajouté presque méchamment que s’il y avait quelqu’un à blâmer c’était elle ou bien lui, moi n’ayant été qu’une ouïe saoulée. Offusqué, il termine les pas nous séparant, me traînant par la scarf dans le vestibule qui mène aux toilettes, où personne il n’y avait pour me ramasser dans l’éventualité d’une commotion cérébrale.

Rendu là, il me pousse violemment sur le mur, duquel je me décolle vite pour m’y faire rapidement repousser avec en prime la main sur la poitrine, question de ne plus rejeter ce mur avec lequel Patrick voulait visiblement que je ne fasse qu’un. Ce qui me semblait impossible vu le crochet-à-manteau (assez déplaisant merci) me séparant de la brique. Il débute avec un “t’es un con” pour terminer avec un “...et depuis la fin du sec, t’es un gros con”. Malgré la situation, j’ai bien failli m’esclaffer devant ce pauvre vocabulaire et je me suis retenu d’ajouter un “ ouais, bien on voit que, pour toi, le secondaire n’a pas porté fruit.” J’ai préféré me la fermer.

Après trois pousses violentes sur le portemanteau, je lui dit d’en finir, de me faire un black-eye pis de festoyer autour d’un feu en hommage à sa virilité. Il s’approche plus de moi, met son autre main sur ma hanche et il m’embrasse passssionnnnéémmentttt.. Je ne sais pas comment m’y prendre pour le repousser, ma spontanéité prends le dessus et pousse le vent entre mes cordes vocales ce qui résulte en un bruyant “NON!” auquel j’ajoute péniblement “... j’ai pas de cigarettes” pour ne pas éveiller de soupçons de l’autre côté du mur et créer une situation encore plus embarrassante. Patrick ressent le besoin de me renvoyer un pitoyable “Je m’en vais alors, je vais au dep m’en acheter...” en prenant la porte.

Je comprends vite. Je comprends tout... l’orgasme latent et compagnie. Je retourne au bar, la face longue comme ça et me commande un Jack double. Cul-sec.

4 Comments:

Blogger Juli said...

Holy fuck!!! Que puis-je ajouter de plus? Tu t'en sortiras pas!!

7:17 p.m.  
Anonymous Anonyme said...

ntt!! encore?! lol
c bon pour l ego

8:45 p.m.  
Blogger Mamathilde said...

Le punch... Vraiment, je me suis laissée prendre. Comme toi.

9:33 a.m.  
Blogger igby said...

juli: effectivement, cela semble être pour toujours!! rires

do: ouais, c'est mieux que de passer inaperçu!

mamathilde: Pour surprendre, ça surprend!

12:10 p.m.  

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