Quand les fils se touchent

dimanche, avril 16, 2006

La solitude engendre la force

Elle fut abandonée pour la première fois de sa vie avant même qu'elle n'aie eu le temps de pointer sa petite frimousse hors de sa mère. Son géniteur décida qu'elle ne valait pas la peine de sacrifier sa vie pour ça. À quarante ans, il avait bien d'autre chose à faire que de s'occuper d'elle: encore aujourd'hui, il ne l'a jamais vu. Heureusement, un ange gardien la prit sous son aile avant sa naissance, mais la marque était déjà faite. Un long processus était enclenché...

Le deuxième abandon fut de la part de la famille de son ange: ils n'en voulaient tout simplement pas. Elle représente l'enfant du mal pour eux. Sa grand-mère n'en a cure, ses oncles de même. Un long débat fut engendré face à leur appellation. La grand-mère ne voulant pas se faire appeller ainsi l'obligea à l'appeler «ma tante» et les oncles ne voulaient pas qu'elle les appelle «mon oncle.» Elle se retrouvait donc, depuis la naissance, à vivre dans une famille qui ne voulait pas d'elle. Au début, ce n'était pas si mal, puisqu'elle était la seule «petite fille», c'était donc normal pour elle. Par contre, lorsque sa petite soeur est apparue, alors qu'elle avait deux ans, quelque chose ne tournait pas rond, elle le voyait bien. Pourquoi, étant sur un pied d'égalité avec sa soeur dans la famille immédiate, elle devait nommer les mêmes gens différemment? Très tôt, dès l'âge de quatre ans, sa mère lui raconta sa trop longue histoire pour ses si courtes années. Elle comprit dès lors qu'elle ne pourrait compter que sur elle même dans la vie.

Au fil de ses expériences, elle apprit à se construire une carapace. Elle constatat que s'ils croyaient qu'ils ne l'atteignaient pas avec leurs remarques déplacées, ils la laisseraient tranquille. Elle s'enferma donc derrière un mur de désinvolture. Rien ne la touchait, du moins en apparence. Elle encaissait tous les coups bas sans broncher. Ça se rendait directement à son coeur, sans laisser de traces dans son attitude. Vivant ainsi depuis plusieurs années, elle a maintenant du mal à communiquer avec les autres. Après ses gros chocs, elle reste stoïque, et les gens disent d'elle qu'elle est forte. S'ils pouvaient voir ce que j'y vois! Elle partage ses expériences avec les autres, mais tous savent qu'elle a vu pire et croient qu'elle n'en est pas plus atteinte. Elle se retrouve donc seule à vivre ses drames... Pierre par pierre, en croyant se protéger, elle a construit sa propre prison. Elle vit maintenant dans l'ombre de sa force, toute seule...

Mais plus maintenant... Nous sommes avec toi.

3 Comments:

Blogger Lew said...

Cette fille-là ne doit pas lâcher. Je suis sûr qu'elle est tellement bien entourée maintenant!

3:50 p.m.  
Blogger igby said...

pouet-pouet. vive la carapace!!! tant qu'elle a la faculté de se ramollir parfois ;)

9:19 p.m.  
Blogger Mamathilde said...

Les carapaces c'est bon, mais les armures c'est mieux. Au moins on peut les ôter sans perdre sa maison.

9:46 a.m.  

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