Quand les fils se touchent

lundi, novembre 20, 2006

Mein kampf

C'est drôle, j'ai jamais vraiment eu le goût, ou plutôt le besoin d'en parler. Pourtant, ce n'était pas une honte de le faire, je ne le ressentais pas du tout comme ça. Par contre, à lire un peu partout ces temps-ci, là ça s'est fait ressentir. Au fond, il n'y a pas grand chose à dire là-dessus, tout le monde vit ça à leur façon, personne n'est pareil.

J'ai réussi à apprivoiser mes démons intérieurs il y a quelques mois à peine. Ça faisait très longtemps que ça durait, j'avais sept ou huit ans quand j'ai commencé ma dépression. Je sais comment et pourquoi ça s'est installé. Donc au fond, ç'a toujours fait partie de moi. À cet âge-là, je ne le savais pas vraiment et je ne savais pas non plus comment «dealer» avec ça. Malgré le fait que mes parents ne croient pas du tout en Dieu, je me suis tournée vers cette alternative. Pour obliger mon père à aller me porter à la messe, je me suis inscrite à la chorale. J'étais vraiment une «Jesus freak» Il était d'une importance primordiale pour moi de vivre une vie pieuse, de suivre les commandements de l'Église. Il y a maintenant longtemps que je ne crois plus en Dieu, mais beaucoup de mes principes de bases dans la vie découle de cette proximité avec «Dieu». Mon impossibilité à être méchante avec quelqu'un, à penser à moi avant les autres, mon besoin de prendre les problèmes de tout le monde sur mes épaules... Souvent, ça me fait vraiment suer, mais je suis incapabe de faire autrement.

Après Dieu, ce fut la musique. J'ai vécu d'elle toute ma vie. Ce n'est pas mon gagne-pain, mais c'est ma prolongation, mon remonte-pente. À l'adolescence, j'ai rencontré la bonne personne au bon moment grâce à la musique. C'est cet homme qui a fait en sorte que je sois toujours ici aujourd'hui. En me racontant sa vie à lui, j'ai appris à relativiser. Il ne m'a pas guéri, loin de là, mais il m'a appris à voir autre chose que le noir de l'existence. Il m'a obligé à croire en moi. Je lui dois ma vie et la femme que je suis devenue. Merci, je crois que t'as quand même bien réussi. Le pire, c'est que je suis sûre que tu ne t'en rends même pas compte, que tu ne me crois pas. Est-ce que je te l'ai déjà dit? Je ne crois pas non plus.

Mon arrivée dans la grande ville fut une méchante tape sur la gueule. Je me suis mise à sombrer toujours plus creux pendant quatre ans. Quatre années de chute libre, un enfoncement sans fin. Honnêtement, je ne crois pas qu'il y ait de fond. J'aurais pu tomber encore, je le sais. Encore une fois j'ai croisé un être qui m'a accompagné. J'ai rencontré l'Ami, the One. J'ai compris qu'il était possible de faire aveuglément confiance à quelqu'un, que c'était possible sans recevoir de poignard dans le dos. Je suis sûre que certains ont cherché beaucoup plus que 18 ans pour trouver ça, je suis chanceuse. Je ne serai jamais plus seule de ma vie.

Il y a six mois, je me suis prise en main. J'ai travaillé très très fort et j'ai vu ce qu'il y avait en dehors de ça. Depuis mes 14 ans, j'ai souvent été sous médication, mais là, j'y suis allée toute seule. J'ai réuni toute la force intérieure que je pouvais et je m'y suis mise. C'est la première fois que je réussis pour vrai en 13 ans. Je n'avais jamais cru qu'on puisse être heureux dans la vie, et pourtant. C'est un travail que je n'ai pas terminé, ça c'est sûr. C'est beau d'être bien dans sa peau, mais encore faut-il apprendre à vivre avec cette béatitude. Je crois que c'est l'étape la plus difficile pour moi. J'ai tellement rien voulu voir de positif dans la vie qu'il m'est difficile de savoir comment faire. Difficile de gérer toutes ces émotions nouvelles. Mais avec mon bien-être, j'ai croisé des gens qui m'appuyaient, qui m'aident, qui sont avec moi pour moi. Des vrais amis, pas des gens qui sont avec moi parce que suis un bon faire-valoir ou parce que je suis leur psy. J'ai rencontré des personnes qui m'écoutent, ça change une vie.

Dire que ma vie est un paradis serait un mensonge. J'ai eu mon lot d'affaires plates qui me sont arrivées dans les derniers mois. Pour la première fois, j'ai pu leur faire face sans être complètement détruite, et c'est comme ça que je vois que je m'en viens bien. J'ai réussi à rester relativement sereine face à tout ça. Peut-être que ces quatres grosses dents qui poussent si tardivement y ont quelque chose à voir, peut-être que ce n'est que la volonté. Le temps me le dira, j'imagine... J'ai toujours su parfaitement qui j'étais, mais ces derniers mois, j'ai réalisé que j'étais encore plus. Certains le savaient déjà, mais moi je le découvre.

7 Comments:

Blogger Jenniko said...

Quel texte magnifique! Touchant et sensible. Et je souhaite qu'à quelque part dans cette marée de trucs plates et moins plates, je sois quelque part, du «bon» bord, non loin de ta personne si attachante et que nous puissons continuer de cultiver cette amitié qui, j'espère, ne fais que commencer.
Jenniko xx

7:51 p.m.  
Blogger Mamathilde said...

C'est tellement regénérant de sentir qu'on fait partie de la vie des autres rien que pour le plaisir de notre compagnie.

T'es drôle Julie. En tout cas, tu me fais rire. Tous les jours. Et je te vois souvent. J'ai en plus l'impression que tu ne me fais pas rire pour me faire rire mais simplement parce que tu es bien. Et ça, c'est toute une victoire.

1:02 p.m.  
Blogger tchendoh said...

eheh ouin c'est sûrement les 4 grosses dents qui ont aidé ;)

3:21 p.m.  
Anonymous Anonyme said...

Pendant un moment je pensais t'allais nous annoncer que t'étais une fan d'Hitler....

8:00 p.m.  
Blogger Cartouche said...

Ah la, ben la c'est pas juste, moi je les ai pu, mes 4 grosses dents...

11:49 p.m.  
Blogger Jenniko said...

Moi c'est encore pire Cath, il y en a seulement deux qui ont poussé un moment donné et ma dentiste a scrapé mes illusions en me disant que je n'en aurais pas d'autre...
Maintenant, je me sens un peu handicapée :(

12:35 a.m.  
Blogger Pitounsky said...

Très touchant, ce texte Julie!

6:27 p.m.  

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